mercredi 23 septembre 2009

PLAISANTERIE

Cette année, pour la journée du patrimoine fixée au samedi 19 septembre 2009, le thème retenu par la commune était «une journée aux courses en 1880».
C’était l’occasion pour Marianne Legrand, qui habite Plein Soleil, de refaire l’histoire en nous contant, au cours de cette journée, ce qui s’est passé en 1885 dans un chemin, tout près de chez nous, le chemin des boeufs...


Savez-vous bien, Braves gens, qui êtes venus aux courses en 1880,
que j’ai le pouvoir de vous transporter un peu plus tard, en 1885, sur l’un des plus vieux chemins de Lamorlaye que certains connaissent peut-être. Je veux parler du Chemin des Bœufs, cette portion de l’ancienne voie qui reliait Beaumont à Senlis, qui escalade le Mont de Pô à l’ouest de la résidence Plein Soleil !
Elle grimpe tant, qu’autrefois, seuls des bœufs pouvaient tirer un attelage sur cette chaussée.

Vous ignorez sans doute, ce qui s’y passa en 1885.
Vous allez voir que, ce que je vais vous conter n’est pas sans lien avec le monde des courses à Lamorlaye !

Etait-ce un jour de juin embaumé de tilleul ?
Etait-ce un jour d’automne, lorsque tout devient roux ?


Une belle alezane montée par un certain Thomas Carter ( fils aîné de l’entraîneur de Lord Seymour) venait de quitter les longues allées planes du Lys qui n’était pas encore loti, à cette époque pour s’engager sur la pente du chemin des Bœufs.
Cette belle alezane n’était pas une jument ordinaire.
Elle était déjà très célèbre !
Pensez donc :
En 1884, le prix du Premier Pas à Caen, le grand prix de Dieppe et le deuxième prix du Grand Critérium de Paris,
En 1885, le premier prix de St James, celui d’Apremont, celui du Prince d’Orange et celui du jubilé à Baden- Baden,
Elle n’avait pas obtenu moins de 16 victoires en 18 courses, (encore n’avait-elle été distancée les deux autres fois que d’une courte tête ! ) , toutes gagnées avec son jockey favori, Richard Hartley.
Clou de cette brillante carrière : le doublé des deux célèbres handicaps, le Cesarewitch, sur 3600m et le Cambridgeshire, sur 1800m
Un exploit rarissime ! Notre illustre jument devint la coqueluche du monde hippique de l’aire cantilienne !
L’hippodrome de Chantilly avait même baptisé l’une de ses pistes de son nom !
Son nom ! C’était là son handicap et sa tristesse !
Elle, fille de Poetess et de Wellingtonia, on avait osé l’appeler : « Plaisanterie » !Ca ne la faisait pas rire du tout !
Cependant, elle avait très bon caractère !
Elle avait aimé tout de suite le chemin pentu, ombragé où elle s’engageait pour la première fois, entre les noisetiers, les hêtres et les chênes !
Thomas Carter fut bien surpris lorsqu’elle marqua un arrêt brusque, à mi-pente !
Une saute d’humeur ? Cela ne lui ressemblait guère et pourtant, Plaisanterie refusait d’avancer et secouait la tête obstinément en indiquant le sol. Elle frappait du pied avec insistance.
Une blessure ? Thomas mit pied à terre, examina sa monture. Rien d’anormal !
Il tenta, en vain, de l’entraîner vers l’avant. Il flatta son encolure, lui murmura des mots doux à l’oreille.
Rien n’y fit ! La cavale faisait preuve d’un entêtement de bourrique ! Le temps passait !
Quelqu’un de l’écurie, inquiet, vint à leur rencontre
et on décida de creuser à l’endroit où Plaisanterie s’était arrêtée. Ce que l’on y trouva ? Un trésor ?
Non, mais une énorme pierre en calcaire coquiller, un plateau circulaire de deux mètres de diamètre et fort épais, une sorte de table comme celle de Mongressin mais un peu plus petite!
Comment Plaisanterie avait elle senti cette présence sous la terre ?


Les chevaux qui possèdent des facultés olfactives et auditives supérieures à celles de l’homme sont également dotés d’une perception très fine de ce qui l’entoure grâce à leur pied, sensible aux variations de pression. Cela leur permet d’adapter leur équilibre à la nature du sol. Sans doute, Plaisanterie a-t-elle perçu un changement brutal ; elle évoluait sur une terre sablonneuse qui subitement a résonné plus sourdement sous son sabot.
Cette table, à quelle époque a-t-elle été taillée, à quoi a-t-elle servi ?
Il se peut qu’elle provienne du château médiéval de Beau Larris, construit un peu plus loin qui appartenait à l’abbaye de Royaumont. De ce château, posé sur le Mont de Pô, détruit pendant la guerre de Cent Ans, il ne reste rien si ce n’est, peut-être, cette table, enterrée par les siècles, l’humus, les intempéries, l’oubli et miraculeusement rendue à la lumière par le biais d’une aimable Plaisanterie.


Je vous sens impatients de savoir ce qu’est devenu cette table, car elle existe vraiment,
ce n’est pas une légende !
Vous aurez bien l’occasion de vous rendre au Jardin des Plantes, à Paris !
Au bout de l’allée, à droite quand vous entrez par le 18 de la rue Buffon, près de l’acacia robinier.
Comment est-elle arrivée là, venant de Lamorlaye ?
Léguée en 1950 au Muséum d’Histoire Naturelle par un certain Henry Camus, peintre animalier spécialisé dans les scènes de courses…
Vous vous demandez, sans doute comment nous avons appris tout cela.

Ce serait une autre histoire à vous raconter mais, je puis vous dire que c’est grâce à la formidable documentation de Monsieur Rimbert, l’ancien Maire de Lamorlaye et grâce aux recherches de Dominique Lesbros, connue pour ses livres guides sur Paris.
Vous voulez en savoir plus ? Patientez encore un peu !
Dans 15 jours paraîtra le deuxième tome d’un « Paris mystérieux et insolite » écrit par Dominique Lesbros dans lequel elle vous racontera plus en détail l’histoire de Plaisanterie en même temps que d’autres histoires aussi insolites que mystérieuses qui concernent Paris, cette fois !

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